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Plus de 500 miles en Atlantique, Saltimbanque connait mais c’est une première pour Laure, Camille et le capitaine Shadok, qui vous propose aujourd’hui le photo-reportage de la croisière!
D'autres photos plus classiques de cette étape se trouvent également dans notre page "Photos".
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506 miles navigués
2597 miles parcourus depuis le départ
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A 14h30 tout est prêt, Saltimbanque largue les amarres pour notre plus longue navigation jamais effectuée… Des copains sont là sur le ponton pour nous dire au revoir. Ster Vraz, Aumadatroi, tous deux partiront également pour Madère dans quelques jours ; mais aujourd’hui c’est nous et on fait pas trop nos malines... Mais comme les copains nous le rappellent, « ça peut aussi bien se passer » ! Alors on passe le pont du dock et c’est parti...
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Salut les amis, à bientôt à Porto-Santo !
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« Cette tour de Bélem a vu partir les caravelles des grands découvreurs en partance pour les terras incognitas...»
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Comme toute grande navigation qui se respecte, celle-ci commence ... au près ! Et même sous foc comme la brise thermique s’engouffre en rafales dans la rivière du Tage. On ne l’avait pas ressorti depuis le Golfe de Gascogne, c’est qu’on s’habitue bien à faire du portant sous génois dites !
Le fort courant (jusqu’à 4 nœuds observés, il n’y a pourtant que 40 de coefficient de marée...) nous propulse hors du chenal et nous... n’abattons pas d’avantage pour mettre le cap sur Porto Santo : 225°. Tout juste on renvoie le génois quand le vent mollit.
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Première nuit et premier quart fatigant pour Camille qui navigue au milieu de cargos erratiques pendant plusieurs heures (rendez-nous les rails bien organisés de la Manche !!) Laure prend la relève, passe un FPSO puis navigue tranquille tout le temps. Quand Camille reprend la main elle a le droit à des grains avec pluie et rafales, puis le vent tourne subitement de 150°. Il est à présent pile poil vent arrière et nous ressortons notre savoir-faire hollandais : voile d’avant seule un peu enroulée, et Bob (le régulateur) barre tranquille à 6 nœuds pendant tout le 2ème quart de Laure, vraiment pas juste !! (comment Laure ? J’exagère tu trouves ? naaaaan...)
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Du 26 au 29 août : au large
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Au réveil, changement de décor ! La terre a disparu, les nuages et la pluie de la nuit dissipés. A la place une grande assiette bleue intense sur 360° parsemée de moutons blancs éclatants. Le ciel est bien bleu aussi avec quelques cumulus et un soleil déjà chaud. Voilà la vue de notre fenêtre pour les prochains jours, bienvenue dans les Alizés !
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Et le soleil se couche, se lève, se couche...
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La vie à bord s’installe, dans son rythme si particulier, celui du bateau. En général plus lent qu’à terre il ne connait ni jour ni nuit ni horaire. C’est un continuum de temps, marqué par quelques événements réguliers (comme la météo à 11h30 UTC sur RFI), ou plus souvent impromptus comme le classique changement de vent, qui implique d’aller immédiatement s’occuper du bateau. Saltimbanque infatigable avance toujours...
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...au total 5 fois chaque pendant cette étape…...
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Et nous dans tout ça ? Nous ne sommes pas en alu et devons gérer notre fatigue, celle de l’autre et celle du bateau. Nous devons tenir la distance, cette navigation est plus un marathon qu’un sprint. Alors on adapte notre façon de naviguer : il ne serait pas envisageable d’être à-fond-tout-dessus en permanence. Afin de pouvoir nous reposer nous calmons le jeu pour la nuit et évitons d’avoir à trop manœuvrer (pas de spi ou de génois tangonné, on prend les ris en avance ou aux changements de quarts etc.) Nous essayons de nous ménager des moments de sommeil assez longs de 3 à 4 h. Cela peut paraître court à la personne qui dort, mais long pour la personne qui veille. Nous n’arrivions pas à rester aussi longtemps dehors en Mer du Nord par exemple. Mais sous ces latitudes plus chaudes les nuits sont moins fatigantes : plus de ciré, à peine une polaire et c’est parti pour un moment privilégié avec des milliers d’étoiles... Il n’y a pas de rail de cargos, casiers, terres à éviter, Bob barre la plupart du temps, il nous suffit de balayer l’horizon et vérifier le cap, souvent en écoutant de la musique ou des « audio-books » sur notre lecteur MP3.
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« Même d’un œil je veille au grain ! »
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Imperturbable, Saltimbanque avance toujours…
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Ainsi se déroulent nos journées en mer : à midi prise de météo et déjeuner ensemble, l’après-midi nous sommes souvent réveillées toutes les deux jusqu’au dîner que l’on prend en début de nuit. On prépare le bateau pour la nuit et la plus fatiguée des deux va se coucher en premier. Relèves la nuit environ toutes les 3-4 heures sauf grosse fatigue de celle de quart. Petit-déjeuner en solitaire, les quarts durant souvent jusqu’en fin de matinée, chacune ayant dormi environ 2 fois 3 heures.
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Au-delà de ce cadre général, quelques petits événements particuliers nous permettent (difficilement...) de dissocier nos journées en mer.
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Une fois le vent ayant viré par notre arrière, nous prenons nos quartiers alizéens. Sous voile d’avant seule nous naviguons quelques degrés au-dessus de la route directe, mais nous avons tellement de route à faire, le vent à le temps de changer...
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Laure travaille son portugais dans le cockpit et Camille se réveille quand « crrrrrr...... » fait le moulinet de la canne à pêche en se dévidant ! Youpie un thon ! Un peu plus petit que celui du golfe, il nous fera 2 repas : thon-tomate-pommes de terre et bien-sûr thon tériaki notre préféré ! Nous essayons aussi en sushis, cru sur des tartines de pain-beurre : bah on n’est pas fans...
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« Moi les tâches salissantes, je délègue...»
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Nous voyons aussi une petite tortue marine ! La mer s’est réchauffée à 22 degrés d’après notre sonde, contre 16 au Portugal... Des oiseaux nous accompagnent toujours, hirondelles de mer et sortes de puffins au corps foncé qui planent juste au-dessus de l’eau.
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« ... vous avez demandé la météo, ne quittez pas... » (sur l’air des 4 saisons)
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Journée sous voile d’avant seule dans 15 nœuds de vent. La nuit est superbe parmi les étoiles et le plancton phosphorescent. On prend une météo par téléphone satellite pour affiner notre stratégie (nous n’arrivons toujours pas à faire exactement route directe)
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Le vent tombe un peu et nous envoyons le spi l’après-midi. Mais c’est encore bien sportif avec de bonnes rafales et de la houle : il nous faut être très concentrées à la barre. Par contre on avance à 6 nœuds sur la route directe ! Laure nous cuisine une délicieuse quiche poireaux – saumon pour fêter ça !
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On affale le spi pour la nuit qui sera encore une fois... différente selon les points de vue ! ... Premier quart de Camille : grains, pluie, elle réveille Laure pour prendre un ris, puis 2 heures plus tard pour affaler la grand-voile et aller se coucher très fatiguée. Laure avancera tranquille à 5,5 nœuds dans du vent établi. Au changement de quart le vent tombe et Camille devra régler le bateau sans cesse dans de la pétole... J’vous jure... Grande grasse mat’ de 4 heures pour se remettre de tout ça !
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« Je ne veux pas me réveilleeeeer... Laissez-moi dormir toute la journéééééeee»
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« Ouais trop chouette le spi, et en plus ça fait de l’ombre ! »
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Le ciel est très bizarre aujourd’hui, des cirrus viennent de l’ouest, des cumulus de l’est, et nous avons du vent de nord ! Drôle de temps... L’après-midi nous ressortons le spi dans un vent mollissant, ce qui nous permet de conserver une vitesse décente en route directe pendant plusieurs heures.
Nous sommes un peu surprises par un cargo : concentrées sur le spi nous étions pourtant toutes les deux dehors mais ne réalisons qu’un porte-containers arrive que lorsqu’il est à environ 2 miles, oups... En plus pas de bol notre détecteur de radars de l’avait pas vu non plus alors qu’il nous avertit en général bien en avance de l’arrivée de nos amis « muraille-d’acier ». La route est assez passante, sans doute en raison du détroit de Gibraltar pas très loin, et nous croisons 2 à 3 cargos par jour.
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On affale le spi pour la nuit où le vent tourne doucement au nord ce qui nous permet d’avancer dans le bon sens malgré le souffle d’air d’à peine quelques nœuds. Saltimbanque glisse en douceur au milieu de l’Atlantique sur un tapis phosphorescent et une mer plate, quel bonheur ! Ce sera moins drôle pour Laure qui devra gérer de tout petits airs pendant son quart... ah, chacun son tour :oS
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Le vent s’essouffle doucement ce matin et le soleil tape déjà fort. La mer est plate, les conditions rêvées pour un atelier douche ! L’eau est transvasée de notre « chauffe-eau solaire » (une poche de plastique noire) dans un petit pulvérisateur de jardin. C’est diablement efficace, nous ne consommons qu’1 litre d’eau par personne ! Une fois lavées nous revêtons des habits propres, mais très peu car il fait très chaud !!! Après tout nous sommes en face du Maroc maintenant...
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« Allez à la douche, et on frotte bien derrière les ailes ! »
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Les tortues nagent tout doucement en surface et sont très difficile à prendre en photo...
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Le vent tombe complètement et nous nous résolvons à réveiller Nestor. Du coup nous on se repose pas mal ! L’eau devient de plus en plus chaude, mesurée à 25° par la sonde (surement plutôt à 22° en vrai) Nous voyons soudain énormément de tortues dans l’eau toute lisse. Ca change des dauphins !
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A 18 heures Camille trouve que ce cumulus bas sur l’horizon ressemble quand même beaucoup à une île... Laure et sa vue perçante confirment, TERRE !!!! Porto Santo droit devant à 40 miles... Impressionnant cette micro-terre (plus petite que Belle-Ile) au milieu d’un océan...
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La nuit tombe dans le plus beau coucher de soleil de la traversée, et le spectacle « son et lumière de Madère » peut commencer. Le plancton phosphorescent est intensément brillant, nous n’avions jamais vu ça... Des gerbes de lumière entourent Saltimbanque qui flotte littéralement sur des néons ! On s’amuse beaucoup avec le seau qui s’illumine lorsqu’on le remplit d’eau-lumière. La mer plate se ride parfois dans un souffle d’air et brille alors sur toute sa surface, comme si les milliers d’étoiles toujours présentes se reflétaient dans l’eau... (pas pratique pour retrouver le phare, ça clignote de partout !) Voilà pour la partie « lumière ». Pour la partie « son », ce soir c’est « DJ Nestor » aux manettes...
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Couleurs surréalistes avant notre dernière nuit en mer...
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L’arrivée se fait longuette puisque nous voyons l’île depuis 18h la veille mais n’arrivons qu’à 9h du matin. Dans la nuit un petit souffle se lève pile de face et nous tirons des bords à 2 – 3 nœuds, avant de finir par 2 heures de moteur en route directe dans le petit jour.
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Plus que quelques miles et nous serons à Porto Santo, la première île de l’archipel de Madère
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L’île a bien grossi pendant la nuit et dans la lumière du matin elle passe par tous les tons, de l’ocre au rose et au marron doré... Nous saluons le phare suivi toute la nuit puis pénétrons entre les deux jetées du port accueillis par les sternes qui piaffent. C’est tout calme, presque désert. Nous prenons un coffre dans l’enceinte du port et coupons le moteur.
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Après 4 jours et 19 heures de mer, Saltimbanque est à Porto Santo au milieu de l’Atlantique, à 500 miles de Lisbonne, 350 miles de la côte marocaine, 300 miles des Canaries. En un mot, une île...
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